Si le débat public est parfois pollué par l’islamophobie des hautes sphères et hystérisé par l’obsession très rentable de l’islam,
on était en droit d’espérer qu’une bouffée d’oxygène viendrait de la
France des champs, des vertes prairies de la ruralité où l’air est plus
respirable, au milieu des animaux de la ferme, devant les caméras de
« l’Amour est dans le pré ».
Mais c’était utopique de croire que l’émission bucolique de M6, qui a
l’art depuis 13 ans de mettre en valeur les deux mamelles de la France,
le labourage et le pâturage, en jouant les agences matrimoniales pour
agriculteurs(rices) en quête de l’âme sœur, serait totalement immunisée
contre le puissant poison des préjugés anti-musulmans.
Manifestement contaminée, Karine Le Marchand, l’animatrice vedette de
la chaîne, connue pour titiller les candidats et faire dans le grivois,
a changé de registre pour alimenter les stéréotypes ravageurs au détour
d’une question guère anodine, avec un air à ne pas y toucher.
Le 22 janvier, face au timide Thierry, un éleveur de vaches
allaitantes en Occitanie, celle qui a poussé les ténors de la politique à
se confier sur un divan, dans sa très intimiste « Ambition intime », a
exprimé le fond de sa pensée en lui demandant s’il était disposé à se
mettre en couple avec une femme issue d’un autre univers que le sien.
« Moi, tant qu’elle peut se déplacer ici, je m’en fiche… c’est comme la religion”, a rétorqué Thierry. Ce à quoi Karine Le Marchand, estomaquée, n’a pu retenir un « Ah ! tu t’en fiches aussi ? Même si elle est musulmane, tu t’en fiches complètement ?», avant de faire une moue grimaçante faussement admirative en entendant Thierry lui confirmer : « Oui, c’est pas un souci ».
Elle a beau avoir chaussé des bottes pour faire le tour des fermes,
Karine Le Marchand a inauguré cette nouvelle saison de « L’ Amour est
dans le pré » en s’embourbant, non pas dans la France profonde, mais
dans les a priori négatifs sur les musulmans.
Ce moment de télévision, censé fleurer bon le terroir, a surtout révélé
le racisme des médias qui se cache sous le masque de l’hypocrisie, à la
consternation de nombreux twittos.
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