Alors que la Corée du Sud s’apprête à vibrer au rythme des jeux
Olympiques d’hiver, du 9 au 25 février prochain, il est intéressant de
se pencher sur le rayonnement de l’islam dans cette contrée d’Asie de l’Est, encore timide, bien que gagnant en puissance au fil des décennies.
Dans ce pays de 51 millions d’habitants, où les deux religions
dominantes sont le christianisme (31,6% de la population, se partageant
entre 7,6 % de catholiques et 24% de protestants) et le bouddhisme
(24,2% des croyants), la religion musulmane, connue pour réchauffer les
cœurs jusqu’en Chine, ne brille pas par une présence éclatante mais
poursuit sa lente percée, passant de 3 700 fidèles en 1965 (année de la
création de la Fédération musulmane de Corée), à plus de 200 000 en
2015.
Sa faible présence, comparativement aux deux religions prédominantes,
n’empêche pas que l’islam ait un fort ancrage à Séoul, en raison de
l’augmentation sensible du nombre d’ouvriers musulmans immigrés, en
provenance notamment du Bangladesh et d’Ouzbékistan, et de la hausse non
négligeable des conversions chez les Sud-Coréens.
Si la Grande Mosquée de Séoul offre un majestueux témoignage de la
présence musulmane en Corée du Sud, on ne dénombre que 8 mosquées en
tout et pour tout sur le territoire national, tandis que près de 30 000
églises protestantes ont fleuri dans le paysage en l’espace d’un siècle,
preuve de l’essor spectaculaire du protestantisme depuis son incursion à
la fin des années 1880, à travers des missionnaires occidentaux, parmi
lesquels figuraient des médecins. Il est à noter que les catholiques,
persécutés pendant plus d’un siècle, n’ont cessé de voir leurs rangs
s’élargir au cours de ces trente dernières années.
Loin d’être éradiqué, le fléau de l’islamophobie, qui se propage comme une traînée de poudre à chaque attentat sanglant perpétré par Daech
ou les autres forces du mal se réclamant d’un islam gravement perverti,
sévit également en Corée du Sud, sous l’impulsion de groupes chrétiens,
sciemment alarmistes, qui diabolisent les musulmans et le halal,
poussant des cris d’orfraie qui résonnent familièrement à nos oreilles :
ils crient eux aussi, mais dans une autre langue que celle de Molière, à
« l’islamisation » du pays !
En dépit de ce racisme anti-musulmans prégnant, les autorités
coréennes ont décidé de miser sur la niche économique du Halal à Iksan,
une petite localité située à l’ouest de la 12ème puissance
économique mondiale, au risque de provoquer l’ire de la population
chrétienne, cherchant à séduire un nouveau cœur de cible prioritaire :
les touristes musulmans.
Cette nouvelle stratégie de développement a été mûrement réfléchie
après que la Chine, furieuse, a interdit les voyages de groupe en Corée
du Sud, ne digérant pas que le système antimissile américain Thaad ait
été déployé localement. Face au manque à gagner qui en a découlé, la
Corée du Sud a alors intensifié ses efforts pour développer son
industrie du tourisme, en espérant attirer tout particulièrement les
visiteurs, au fort pouvoir d’achat, d’Indonésie, de Malaisie et du Moyen-Orient.
Petit à petit, l’islam fait son nid en Corée du Sud, même si pour
nombre d’observateurs nationaux, il n’est guère probable qu’il imprègne
aussi largement et profondément le pays que ne l’a fait le
christianisme. Parmi les raisons invoquées pour justifier ce point de
vue, le fait que la consommation de porc et d’alcool, formellement
proscrite par la religion musulmane, fasse partie intégrante de la
culture sud-coréenne est souvent avancé.
L’avenir dira si l’islam réussira à transpercer l’épais rideau des
préjugés pour se faire une place grandissante, et non minoritaire, dans
le cœur des Sud-Coréens.
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