Hissée sur un piédestal par une communauté internationale qui la
saluait en héroïne des temps modernes, la chute de la mythifiée Aung San
Suu Kyi n’en est que plus lourde depuis que ses laudateurs ont cessé de
chanter ses louanges pour s’offusquer de son silence coupable devant le
génocide des Rohingyas.
Il aurait pu composer un hymne à sa gloire lorsque, assignée à
résidence, elle incarnait la résistance à la junte militaire au pouvoir
en Birmanie, Bono, le leader du groupe irlandais U2, ne se fera plus
l’ardent avocat de celle qui l’a longtemps fasciné, car il a fini par
ouvrir les yeux sur son inertie impardonnable.
Le temps où il incitait ses fans à porter des masques de la nobelisée
de la Paix pendant ses concerts appartient désormais au passé, l’heure
est venue pour lui d’entonner l’air de l’appel à la démission sur la
musique grinçante de l’écoeurement.
Car Bono se dit en effet « écoeuré » par les images montrant la fuite
éperdue vers le Bangladesh de la minorité musulmane martyre du Myanmar,
après avoir découvert avec effroi l’ampleur et la sauvagerie des
massacres de masse perpétrés à son encontre.
« J’en ai été malade, parce que je n’arrivais pas à croire qu’une
telle horreur se passait réellement. Mais un nettoyage ethnique s’est
bel et bien produit », a-t-il confié avec consternation dans le dernier
numéro du Rolling Stone magazine.
« Aung San Suu Kyi doit
démissionner », poursuit-il, renchérissant : « Elle devrait, à tout le
moins, s’exprimer davantage.
Et si les gens autour d’elle ne l’écoutent
pas, alors elle devrait démissionner ».
Il en aura fallu des morts et des atrocités avant que l’ode à Aung San Suu Kyi soit enfin couverte par des notes dissonantes…
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