Napoléon Bonaparte a énormément péroré sur de grands sujets
au cours de sa vie, particulièrement lors de son exil forcé sur l’île de
Sainte Hélène. Le lion en cage a par exemple présenté ses avis et
convictions vis-à-vis de la religion, ou plutôt des religions.
L’islam,
qu’il a rencontré lors de son expédition en Egypte, est visiblement
celle dont il se sentait le plus proche.
L’islam semble disparaître de ses propos au cours de son règne, mais
il refait lui aussi son apparition lors de son exil sur l’île de Sainte
Hélène (1815-1821).
Là-bas, il a le temps nécessaire pour revenir sur sa vie et
philosopher sur une multitude de sujets. Lors d’une correspondance,
présente dans le Journal de Sainte Hélène, il parle des trois monothéismes.
Tout d’abord, il considère que les juifs ont eu le tort de vouloir
garder le message de Moïse pour le confiner à leur « race d’élus de
Dieu ».
Par ailleurs, il admire Jésus, mais déplore que le christianisme
ait été récupéré par « un groupe de politiciens de Rome » pour
contrôler le peuple, et qu’il ait déformé l’unicité de Dieu : « Ils ont
ensuite donné à Dieu des partenaires. Ils étaient maintenant trois en
un ».
A la fin de son raisonnement, l’empereur déchu en vient à l’islam,
qu’il décrit comme tel : « Puis enfin, à un certain moment de
l’histoire, apparut un homme appelé Mohammad (alehi salat wa salam). Et cet homme a dit la même
chose que Moïse, Jésus, et tous les autres prophètes :
il n’y a qu’Un Dieu. C’était le message de l’Islam. L’Islam est la vraie religion. Plus les gens liront et deviendront intelligents, plus ils se familiariseront avec la logique et le raisonnement. Ils abandonneront les idoles, ou les rituels qui supportent le polythéisme, et ils reconnaîtront qu’il n’y a qu’Un Dieu. Et par conséquent, j’espère que le moment ne tardera pas où l’Islam prédominera dans le monde. » (Correspondance de Napoléon 1er – Journal inédit de Sainte Hélène, de 1815 à 1818 (Gal Baron Gourgaud), Napoléon Bonaparte, éd. Comon et cie, 1847, t. 5, Affaires religieuses, p. 518)
Plus tôt, dans le même Journal de Saint-Hélène dicté au général
Gouraud, il est même possible de lire « J’aime mieux la religion de
Mohammad. Elle est moins ridicule que la nôtre. » Journal de Sainte-Hélène 1815-1818, Napoléon Bonaparte, éd. Flammarion, 1947, t. 2, partie 28 août 1817, p. 226.
A l’évidence, Napoléon Bonaparte était l’héritier des Lumières et de
la Révolution anticléricale, confiant dans le formidable progrès de
l’esprit humain. Il s’est toujours très peu embarrassé de religion, et a
utilisé l’Eglise catholique à des fins politiques, la forçant à plier
devant lui.
Son regard sur l’Islam est d’autant plus intéressant
qu’il n’est pas celui d’un homme religieux mais d’un homme d’Etat
pragmatique… (…)
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