Pour calmer des douleurs aux dents, Moussa avalait 6 à 7 comprimés de Doliprane par jour. Un matin, il s’est écroulé et a dû recevoir en urgences un nouvel organe.
Moussa*
ne va plus taper la balle avec les copains. Tout comme il lui est «
pour l'instant » impossible d'enfiler les gants de boxe anglaise qu'il a
longtemps pratiquée. Pour le reste, le jeune homme de 22 ans,
chauffeur-livreur à Paris, va étonnamment bien. Souriant dans ce corps
neuf qui lui permet d'être debout. Mais incrédule d'être dans ce café
parisien pour nous raconter sa « délirante » histoire. Celle qui lui
fait commencer sa vie d'adulte avec un nouveau foie, greffé en urgence
après son intoxication – involontaire – au paracétamol, pris en surdose
pour calmer ses dents douloureuses !
Sa
transplantation a eu lieu le 9 décembre, à l'hôpital Paul-Brousse à
Villejuif (Val-de-Marne). Trois mois plus tôt, il avait commencé à avoir
mal aux dents du fond. À coup sûr les dents de sagesse, se dit-il
alors. Mais voilà, Moussa ne s'est pas vraiment occupé de ses papiers de
mutuelle et il n'a pas les moyens d'avancer les frais du dentiste : «
Je pensais que je pouvais me soigner seul ». Il croit trouver la
solution en achetant en pharmacie des boîtes de Doliprane 1 000 mg à
2,18 euros.
«
Ça me permettait de calmer mes dents, mon crâne, et d'aller au boulot.
Le problème est que la douleur passait, et revenait. Comme c'était de
pire en pire… je prenais de plus en plus de cachets. Je ne me suis pas douté que ça pouvait être dangereux : tout le monde prend du Doliprane ! » En novembre, Moussa en avalait jusqu'à « six ou sept » par jour.
Une cicatrice sur toute la largeur du ventre
Jusqu'à
ce matin où il est plié en deux. « Je n'avais jamais connu une telle
douleur au ventre ». Il s'écroule du lit, perd connaissance. C'est sa
mère qui appelle l'ambulance qui va le conduire à l'hôpital. Le
paracétamol a attaqué son foie, entraînant un état si grave qu'une
transplantation est nécessaire.
Le
jeune homme ne se souvient plus tellement. Il sait juste qu'il a «
dormi, dormi, dormi » et s'est réveillé le 9 décembre avec une
cicatrice. Par-dessus son pull, il la dessine avec ses doigts : elle
part des deux côtés du ventre jusqu'au nombril. « J'avais le foie d'un
autre. C'est bizarre. On m'a trouvé un donneur en deux jours, c'est que
c'était urgent… » laisse-t-il sa phrase en suspens.
Moussa
n'est pas loquace. Ce qui lui est arrivé le dépasse, lui, qui à part
quelques joints d'adolescence, n'a jamais été dans l'excès. Il témoigne
anonymement, car il sait que pour un employeur, l'étiquette « greffé »
est un frein. Aujourd'hui, il est toujours en arrêt maladie. Il ne doit
pas boire d'alcool ni manger trop salé. « On m'a dit aussi : pas de
fruit de mer, mais ça, il n'y a aucun risque », plaisante-t-il. « J'ai
envie de faire passer le message qu'il est nécessaire d'informer sur les
risques du paracétamol quand on en prend trop. Moi, si j'avais su… »
Il
a enfin pu aller chez le dentiste qui lui a soigné une grosse carie et
lui a confectionné un protège-dents, à l'image de celui qu'il portait
quand il boxait. Le Doliprane ? « Plus jamais », coupe-t-il. Ironie du
sort pour celui qui est désormais condamné à prendre chaque jour
d'autres médicaments. Ceux qui empêchent le rejet de sa greffe.
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