Un producteur français part en guerre contre l’Espagne qu’il accuse d’utiliser des pesticides interdits.
C’est un peu le combat de David contre Goliath. Un petit producteur
de fraises bio du nord de la France va porter plainte auprès de la
Commission européenne contre l’Espagne, qu’il accuse de concurrence
déloyale en utilisant des pesticides interdits par l’Europe. Et pas
n’importe quels produits car ceux qu’il a découverts en visitant une
exploitation du sud de l’Espagne sont avant tout dangereux pour la
santé.
Jean-Claude Terlet, installé dans l’Aisne depuis 1981, dénonce cet
usage permettant de se débarrasser des nuisibles à très bon prix et
d’augmenter les rendements. Pas étonnant, selon lui, de voir les
producteurs ibériques inonder nos marchés de fraises à des prix défiant
toute concurrence.
Si l’Espagne ferme les yeux sur les pratiques de ses fraisiculteurs,
c’est tout bonnement parce qu’elle n’a pas pris la peine de transposer
la directive européenne dans le droit espagnol. L’enjeu est en effet
colossal pour les agriculteurs de Huelva, qui produisent 350.000 tonnes
de fraises chaque année.
L’avocat de Jean-Claude Terlet dénonce aussi une forme d’omerta au
sein du Parlement européen. Les députés seraient en effet tous au
courant des pratiques des fraisiculteurs espagnols mais se garderaient
bien de remettre de l’ordre dans la boutique en raison des enjeux
économiques colossaux que génère cette production pour les Espagnols,
avec qui ils n’auraient visiblement pas envie de se fâcher.
L’agriculteur français nourrissait de sérieux soupçons depuis un
petit temps déjà. Au cours d’un récent voyage dans le Sud espagnol, il
en a enfin eu le cœur net.
Ayant réussi à pénétrer les serres d’une
exploitation locale grâce à l’un de ses fournisseurs.
Là, il a été
intrigué par la présence de bidons made in China sur le sol de
l’exploitation.
En y regardant de plus près, il a constaté qu’il
s’agissait notamment utiliser des traitements d’enosulfan, un
insecticide radical connu pour ses effets néfastes sur le système
nerveux central.
Pourtant interdit par l’Europe depuis des années, il serait donc
encore utilisé dans la région.
Le producteur français vise aussi dans sa
plainte deux autres substances chimiques interdites pour leur caractère
cancérigène : la chloropicrine ou le bromure de méthyle, de puissants
désinfectants.
L’utilisation de ces molécules interdites permet une
productivité et des rendements très compétitifs.
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