Un activiste chinois opposé aux
autorités de Pékin a assuré qu'une grande mosquée dans l'est du pays
avait été détruite, images satellitaires à la clé, alors que l'édifice
datant de près de 800 ans est inscrit au patrimoine national.
Etudiant chinois au Canada et
militant critique à l'égard de Pékin, Shawn Zhang, s'est ému le 2 avril
dans un tweet de la possible destruction de la grande mosquée Aitika à
Keriya dans le Xinjiang (ouest du pays), capture d'écran de photos
satellites du logiciel Google Earth Pro à l'appui.
Selon les images publiées par le jeune homme, l'édifice religieux,
construit au XIIIe siècle, était visible depuis le ciel en octobre 2017,
mais n'apparaît plus à cet emplacement en mai 2018, ce qui laisse
penser qu'il a été rasé entre temps.
«Cette mosquée a été désignée comme "Site historique et culturel
majeur protégé au niveau national". La démolition nécessite une
approbation du Conseil des affaires de l'État [organe exécutif de la RPC
Ndlr.]», précise l'étudiant dans un autre tweet.
Plusieurs recherches menées sur d'autres logiciels de cartographie satellite, menées notamment par Libération et Openfacto («association
francophone pour l'investigation en sources ouvertes»), aboutissent à
la même conclusion. La mosquée aurait disparu des images satellites
entre le 11 janvier et le 12 mai 2018.
Une politique de «sinisation» des religions
Si aucun article
de presse chinoise n'a pu être mis à jour pour confirmer la destruction
de l'édifice et donner des indications sur la raison pour laquelle
il aurait été rasé, une telle démolition pourrait s'inscrire dans la
politique de «sinisation» des religions appliquée par Pékin depuis
plusieurs années.
Chrétiens et musulmans du pays sont régulièrement dans le viseur des autorités chinoises qui estiment que ces cultes représentent une menace pour l'équilibre du pays s'ils ne sont pas contrôlés. Les églises et les mosquées sont ainsi interdites aux mineurs, elle doivent afficher la constitution du pays et arborer le drapeau rouge. Les cinq religions principales du pays (le protestantisme, le catholicisme, le bouddhisme, le taoïsme et l'islam), doivent par ailleurs s'affilier à des organismes étatiques pour éviter toute influence étrangère.
Chrétiens et musulmans du pays sont régulièrement dans le viseur des autorités chinoises qui estiment que ces cultes représentent une menace pour l'équilibre du pays s'ils ne sont pas contrôlés. Les églises et les mosquées sont ainsi interdites aux mineurs, elle doivent afficher la constitution du pays et arborer le drapeau rouge. Les cinq religions principales du pays (le protestantisme, le catholicisme, le bouddhisme, le taoïsme et l'islam), doivent par ailleurs s'affilier à des organismes étatiques pour éviter toute influence étrangère.
La Chine est accusée par des experts cités par l'ONU et des ONG de
détentions massives de musulmans dans des camps de la région du
Xinjiang, dans le cadre d'une politique d’assimilation des minorités
musulmanes. Un million de personnes sont ou ont été ainsi internées
selon ces sources. Pékin de son côté évoque des «centres de formation
professionnelle» destinés à facilité l'employabilité de ces individus et
à prévenir toute radicalisation islamiste.
Les musulmans représentent entre 1 et 2% de la population chinoise, soit à peu près 21 millions de personnes.
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