On ne présente plus les fameux triangles croquants de Toblerone, la
marque emblématique du savoir-faire suisse en matière de chocolat depuis
plus d’un siècle.
Ce que l’on sait moins en revanche, c’est que
ces barres chocolatées appréciées dans le monde entier, qui sont
toujours confectionnées dans les ateliers mythiques de Berne, bien
qu’étant passées dans le giron du groupe américain Mondelez
International en 1990, ont été officiellement certifiées halal en avril
dernier.
Une labellisation décernée discrètement, jusqu’à ce que le SonntagsBlick
ne la révèle récemment au grand jour, déchaînant aussitôt les passions
et les fantasmes les plus irrationnels, notamment des extrémistes de
droite qui n’ont pas leur pareil pour les raviver.
A la seule évocation du mot « halal », leur sang n’a fait qu’un tour et,
branle-bas de combat, ils ont enfourché leurs fougueux destriers pour
repartir de plus belle à l’assaut de « l’islamisation de l’Europe ».
Car, selon leur perception déformée par le prisme de la haine, toute
certification halal sonne forcément comme une « capitulation devant
l’islam conquérant ».
Electrisée par Jörg Meuthen, le porte-parole du parti nationaliste
allemand AfD qui a asséné lundi dernier que « la certification halal est
une reddition devant l’islamisation de l’Europe ! », la fachosphère a
tiré à boulets rouges sur Toblerone sur les réseaux sociaux, embrasant
les esprits bien au-delà du Rhin et du Vieux Continent…
Dans leur
ligne de mire, la célèbre marque suisse de chocolat a essuyé une salve
de critiques assassines, avant qu’un appel au boycott ne résonne et ne
se propage comme une traînée de poudre aux quatre coins du monde, sur
une cybersphère en proie à une agitation malsaine. Certains internautes
sont allés jusqu’à faire courir la folle rumeur selon laquelle
« Toblerone, en étant certifié halal, finance le terrorisme ».
De telles divagations prêteraient à sourire, si leurs répercussions
n’étaient pas aussi désastreuses, tant pour la réputation de Toblerone
que pour l’image de l’islam, encore une fois odieusement calomnié par
une croisade anti-halal aussi féroce qu’absurde.
En effet,
Toblerone, dont la recette du succès est inchangée depuis 1908, date de
sa création, n’a pas « décidé » d’être estampillé halal, comme l’a
martelé la direction de Mondelez International.
A l’instar d’autres
produits phares, tels que entre autres Ricola, Maggi, les capsules
Nespresso…, il s’avère que les ingrédients qui composent ses barres
chocolatées sont halal par nature, ce qui signifie en d’autres termes
qu’ils ne comprennent ni gélatine de porc, ni alcool et que leur
processus de fabrication respecte naturellement l’ensemble des critères
relatifs à la certification halal.
« La certification n’a entraîné
aucun changement dans notre savoureuse recette traditionnelle», a
riposté Mondelez International, propriétaire de la marque, devant la
caméra de CNN.
Alors que cette nouvelle polémique anti-halal, pleine de bruit et de
fureur, confine à l’hystérie collective par-delà les frontières, au
point de susciter une vive inquiétude au sein de Toblerone, force est de
constater que si l’enseigne suisse est toujours restée fidèle à la
recette concoctée par ses deux fondateurs historiques, Théodore Tobler
et Emil Baumann, les semeurs de troubles de l’extrême-droite sont égaux à
eux-mêmes, rageusement islamophobes…
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