L’islam est une « maladie mentale » qui doit être « guérie » dixit la Chine
La
campagne incessante de la Chine visant à effacer l'identité des
Ouïghours se poursuit. Pendant ce temps, le monde reste silencieux.
Quand l'argent fait taire les défenseurs des Droits de l'Homme...
Moustafa se couche tous les soirs en craignant qu’on frappe à sa
porte. Il s’attend à ce que cela puisse arriver à tout moment. Il est
d’origine ethnique ouïghoure. Ses ancêtres ont vécu et travaillé au
sommet de cette terre pendant des siècles, terre que le gouvernement
communiste chinois naissant a annexé en 1949.
Au cours des derniers mois, plusieurs de ses amis et collègues ont
entendu dire que, dans le silence de la nuit, des hommes ont disparu
sans laisser de traces.
Tout le monde, y compris Moustafa, sait où ils
ont été emmenés et conservés. Mais personne ne sait pendant combien de
temps ils seront détenus, pas plus s’ils rentreront un jour à la maison.
La plupart ne sont pas encore rentrés, et ceux qui sont revenus sont
des coquilles vides, des fantômes du quartier, prévenant les autres de
ce qui se profile au coin de la rue pour les ouïghours refusant de
désavouer l’islam.
En août, au moins 1 million de musulmans ouïghours étaient détenus
dans des camps de concentration du Xinjiang, région autonome de l’ouest
de la Chine, abritant environ 11 millions de Ouïghours. Gay McDougall,
qui siège au Comité des Nations Unies pour l’élimination de la
discrimination raciale, a affirmé que la population emprisonnée pourrait
atteindre 2 millions de personnes. Malgré les estimations, le nombre de
musulmans ouïghours arrêtés, déracinés de leurs familles et de leurs
vies, et emprisonnés dans des camps de concentration – sans autre motif
que d’être ouïgours et musulmans – augmente considérablement chaque jour
qui passe.
Peu après que l’ONU eut annoncé la nouvelle des camps de
concentration dans lequels les détenus étaient « forcés de renoncer à
l’islam, critiquant leurs propres croyances islamiques et celles de
leurs camarades, et récitant des chansons de propagande du Parti
communiste pendant des heures chaque jour ». Les détenus sont obligés de se raser la barbe et nourris de force au porc et à l’alcool.
Convertis à l’athéisme de force
Ces camps de concentration sont le lieu où les musulmans ouïghours
sont reconvertis de force en athées chinois. Ce sont des sites horribles
où la peur et la violence physique, les traumatismes psychologiques et
la violence psychologique sont monnaie courante. Ils sont utilisés pour
pousser les détenus ouïghours à renoncer à l’islam, qualifié de «
maladie mentale » par l’État, et à rejeter les coutumes distinctes des
ouïghours qui sont profondément mêlées à leur foi.
Ce programme de lavage de cerveau et d’endoctrinement n’est pas
réservé aux adultes. L’État gère également des orphelinats pour enfants
musulmans ouïghours pris à leurs parents, où le processus consistant à
les déconnecter de leur religion islamique et de leur héritage ethnique
est profondément inculqué dans leur éducation. Dans ces orphelinats
déguisés en écoles, la Chine convertit les générations futures d’enfants
musulmans ouïghours en sujets loyaux qui embrassent l’athéisme et les
coutumes han, les poussant à tourner le dos à leurs familles et à
adopter la vision de Pékin de détruire le peuple musulman ouïghour.
Pourquoi la communauté internationale tarde à agir ?
Trois mois se sont écoulés depuis que l’ONU a annoncé la nouvelle du
réseau chinois de camps de concentration et des programmes auxiliaires
conçus pour purger l’islam et détruire le peuple ouïghour. Cependant,
l’indignation mondiale et les pressions politiques tardent à
correspondre à la vitesse et à la férocité des desseins de la Chine
visant à se nettoyer d’une population qu’elle considère comme hostile et
inassimilable avec son identité nationale.
Mis à part Trump, qui frappe Pékin au portefeuille pour d’autres
raisons, les pays de la communauté internationale craignent le choc
économique qu’elles subiraient si elles contestaient ou sanctionnaient
la Chine pour son nettoyage ethnique du peuple ouïghour. La Chine est
une superpuissance économique et les pays du monde entier comptent
beaucoup sur elle pour ses importations, son commerce et bien plus
encore.
Les facteurs économiques dissuasifs de l’intervention humanitaire
s’accompagnent d’un paysage mondial de « guerre contre le terrorisme »
qui a ouvert la porte à Pékin, après le 11 septembre, de réprimer
violemment la persécution des musulmans ouïghours sous le prétexte de
lutter contre le terrorisme. Une campagne menée par l’administration
Bush et les États-Unis, encourageant d’autres nations, dont la Chine, à
s’associer et à réprimer leurs populations musulmanes.
Pékin pense t-il vraiment pouvoir détruire l’islam en Chine ?
L’islam sert de lien vital spirituel reliant le peuple ouïghour à sa
terre, son histoire et les uns aux autres. L’État chinois s’est
concentré sur celle-ci pour asseoir son emprise et sa domination. Pékin
pense que s’il peut détruire l’islam, il peut détruire les Ouïghours.
Grave erreur. Toutes les tentatives de détruire l’islam sont vouées à l’échec et la Chine comprendra cela plus tard à ses dépens.
Pour Moustafa, cette crainte de voir frapper à sa porte le hante.
Cela peut ne jamais arriver, ou cela peut arriver demain ou
après-demain. La peur de l’inconnu et la dure réalité que chaque instant
avec ses enfants, sa femme et ses parents âgés pourraient être ses
derniers, le suit comme son ombre. Avec Gaza, le Xinjiang est devenu une
prison à ciel ouvert pour les musulmans ouïghours, dont chaque mot et
expression religieuse sont surveillées de très près.
Il ne trouve du réconfort que dans la prière. Se prosternant devant
Allah, commençant tôt le matin et une dernière fois après s’être assis
avec ses enfants au dîner, il prie pour que l’État ne l’embarque pas et
ne détruise pas sa famille derrière lui.
* Prénom changé
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