25 villes ont déjà changé de
nom cette année en Inde. Parmi elles, Allahabad (la ville d’Allah en
arabe), l’une des plus anciennes villes du pays, dans le sud de l’Uttar
Pradesh, est récemment devenue Prayagraj.
La ville a retrouvé le nom hindou qu’elle portait il y a 500 ans, qui signifie en sanscrit « lieu de sacrifice ».
Cette opération est menée par
le parti nationaliste hindou au pouvoir, le BJP, afin de gommer
progressivement les traces des Moghols, les conquérants musulmans du
XVIe siècle, qui ont régné pendant plusieurs siècles en Inde.
Le premier ministre Narendra Modi a clairement affiché ses intentions.
Celui-ci veut « se
reconnecter » avec « le passé glorieux de l’Inde ». Son parti envisage
d’ailleurs de changer aussi le nom d’Agra, la ville qui abrite le
célèbre mausolée musulman du Taj Mahal ainsi qu’Ahmedabad, la capitale
du Gujarat (au lieu de l’Islam indien).
Plusieurs gares sont
également renommées pour honorer les dieux ou des personnalités
hindoues. Dans l’Uttar Pradesh, la gare de Mughalsarai s’appelle
désormais Deendayal Upadhyay, du nom d’une figure de l’extrême-droite
hindoue…
Ce n’est pas la première fois
que ce type de campagne est menée en Inde. Le parti du BJP arrivé au
pouvoir pour la première fois en 1995, avait déjà donné de nouveaux noms
aux villes colonisées par les Britanniques. Calcutta était devenue
Kolkata, Bombay rebaptisée Mumbai.
Aujourd’hui, le projet de
Modi est beaucoup plus idéologique. A quelques mois des législatives,
certains y voient une façon pour l’homme politique de séduire
l’électorat hindou en glorifiant le passé.
Depuis plusieurs années le gouvernement s’attèle d’ailleurs à mettre en avant l’identité hindoue, notamment en adoptant des mesures répressives envers les musulmans du pays en minorité (environ 14% de la population).
Une stratégie qui permet de
faire oublier les mauvais résultats sur le plan économique mais qui
pourrait aussi et surtout envenimer les tensions religieuses entre
hindous et musulmans.
L’opposition dénonce une « menace » à l’encontre
de l’identité multi-confessionnelle de l’Inde.
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