A Hanau, une ville industrielle nichée au cœur du Land de Hesse, le
cœur de la communauté musulmane était en berne vendredi dernier, à
l’heure d’accompagner jusqu’à sa dernière demeure un adolescent mort en
héros, mais bien trop tôt, et de soutenir ses parents dans cette cruelle
épreuve.
Happé par un train roulant à vive allure, alors qu’il
s’était précipité pour porter secours à un sans-abri tombé, ivre, sur
les rails, le destin de Mustafa Sözen, 17 ans, a été foudroyé
tragiquement à Francfort, mardi 13 novembre, dans une station de métro
noire de monde.
Une station de métro bondée, où ce jeune allemand
d’origine turque s’est distingué de la masse et de l’indifférence
générale en risquant sa vie pour voler à la rescousse d’un grand
laissé-pour-compte de la société. Un passager indien de 44 ans qu’il ne
connaissait pas, emporté par le même élan secourable, sauta à son tour
sur les rails pour lui prêter main forte.
Malheureusement, seul Mustafa Sözen, le plus jeune des trois, n’est
pas remonté vivant sur le quai de la gare. Le courageux jeune homme,
sensible à la détresse humaine, qui se passionnait pour la biologie
médicale, ignorait que la mort l’attendait au tournant dans les
sous-sols de Francfort, après avoir accompli un sauvetage héroïque. Ce
qui rend son décès encore plus douloureux pour son père Edjer Sözen.
« Mon petit ange, ton acte de bravoure est une leçon de vie pour toutes ces personnes dénuées d’humanité », a écrit, sur Facebook, ce papa accablé de chagrin.
« Je ne suis ni un homme connu ni riche, et je suis bouleversé de
voir cette foule immense, de toutes confessions, se rassembler
aujourd’hui pour rendre un dernier hommage à mon fils », a-t-il confié
au quotidien turc Sabah, en ne cachant pas que certaines
remarques cinglantes de la police allemande l’ont profondément blessé.
Sans une once d’empathie à son égard, il s’est notamment entendu dire
sur un ton de reproche que son fils avait été « trop téméraire en
sautant sur les rails ».
C’est en des termes bien plus élogieux et
empreints de compassion envers le défunt et sa famille que s’est
exprimé le président du Conseil municipal, Thomas Morlock. Ce dernier,
visiblement très ému, a clamé haut et fort, lors de funérailles
poignantes, que l’on se souviendra toujours de Mustafa Sözen,
l’incarnation du « citoyen exemplaire », comme du « héros de Hanau »
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