Il était une fois, à l’époque des califes abbassides, dans la
capitale musulmane Bagdad, un grand savant connu pour sa sagesse. Cet
homme avait passé sa vie à étudier le Coran et les paroles du Prophète et il était très pieux.
Jamais on ne l’entendait dire du mal de quelqu’un, se moquer des autres ni répéter des paroles inutiles.
Tout le monde l’aimait, car il avait toujours une parole gentille ou un sourire pour les gens qu’il rencontrait, et il était toujours prêt à aider les autres.
Un jour, l’un de ses voisins vint le trouver :
As-salamou alaykoum ! Wa alaykoum as-salam wa-rahmatou llahi
wa-barakatouhou, répondit le savant.
Sais-tu ce qu’on vient de me dire à propos de ton ami Abdallah ? poursuivit le voisin.
Attends un peu, répliqua le savant. Je vois que tu brûles d’envie de me
dire quelque chose. Mais avant que tu me le dises, j’aimerais te faire
passer un petit test. Cela s’appelle le test des trois filtres.
Des trois filtres ? s’étonna le voisin.
Exactement, poursuivit le savant. Avant que tu ne me parles de mon ami,
ce serait une bonne idée de prendre le temps de filtrer ce que tu
comptes me dire. Nous allons faire passer ce que tu voulais me dire dans
trois filtres : ce qui en restera, tu pourras me le dire. C’est
pourquoi j’appelle cela le test des trois filtres. Tu es prêt ?
Oui, répondit l’homme, de plus en plus étonné. (En effet, quand il
bavardait avec ses voisins, il n’avait pas l’habitude de prendre tant de
précautions).
Commençons, dit le savant. Le premier filtre est celui de la vérité. As-tu bien vérifié que ce que tu veux me dire est vrai ?
Non, répondit l’homme. En fait on vient juste de me le raconter et…
Bien, dit le savant. Donc, tu n’es pas du tout sûr que ce soit vrai. Le
filtre de la vérité n’a pas gardé ce que tu voulais me dire. Essayons
maintenant le second filtre, celui du bien. Est-ce que ce que tu voulais
me dire sur mon ami est quelque chose de bien ?
Euh, non, au contraire…
Ah, poursuivit le savant. Donc tu voulais me dire quelque chose de mal
sur mon ami, mais tu n’es pas certain que ce soit vrai. Je ne sais pas
si je vais pouvoir t’écouter…Mais peut être que tu réussiras quand même
le test, car il reste encore un filtre : le filtre de l’utilité. Si tu
me dis ce que tu voulais me dire sur mon ami, est-ce que cela me sera
utile ?
Euh bien…non, pas vraiment.
Alors, conclut le
savant, si ce que tu voulais me dire n’est pas vrai, n’est pas bien et
n’est même pas utile, ce n’est pas la peine de me le dire, tu ne crois
pas ? Les paroles peuvent faire beaucoup de mal, et il ne faut pas les
répandre n’importe comment. Une parole qui n’est ni vraie, ni bonne ni
utile ne vaut pas la peine d’être dite. Alors avant de te dire quelque
chose, ou de répéter ce qu’on t’a raconté, n’oublie pas de soumettre tes
paroles au test des trois filtres ! Cela t’évitera certainement des
péchés. Allah nous dit dans le Coran.
"Ô vous qui croyez ! Ne
vous moquez pas les uns des autres, car il se peut que ceux-ci soient
meilleurs que ceux-là. Que les femmes ne se moquent pas les unes des
autres, car il se peut que celles-ci soient meilleures que celles-là. Ne
vous calomniez pas les uns les autres, et ne vous donnez pas de
sobriquets injurieux. Quel vilain mot que " perversion ", quand on a
déjà la foi. Ceux qui ne se repentent pas, voilà les injustes." (Sourate
49, verset 11)
Le voisin, un peu confus, rentra chez lui et
réfléchit longuement aux paroles du savant.
Depuis ce jour, il étonna
ses voisins en cessant d’écouter les bavardages inutiles, et en
demandant à ceux qui voulaient lui raconter quelque chose :
"
Attends un peu, ce que tu vas me dire, est-ce que c’est vrai ? est-ce
que c’est bien ? est-ce que c’est utile ? ". Et c’est ainsi que cet
homme, dont les gens avaient l’habitude de se méfier à cause de sa
mauvaise langue, devint aimé et respecté de tous…
Magnifique
RépondreSupprimerUne belle leçon de vie machAllah
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