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Le cheveu blanc

Je suis passé ce matin devant le miroir et j'ai aperçu, sur ma tête, un cheveu blanc qui luisait dans cette mêlée noire comme la zébrure de l'éclair dans la nuit sombre.

J'ai vu le cheveu blanc sur la raie de ma chevelure et j'ai tressailli à sa vue comme si j'imaginais une épée dégainée sur ma tête ; ou un drapeau blanc porté par un messager de l'au delà m'avertissant de l'approche de ma fin ; ou un désespoir funeste s'interposant devant l'espoir ; ou une braise ardente entamant les contours de ma vie comme elle ferait avec un bois sec, qu'elle finirait par consumer en totalité tôt ou tard ; ou alors un fil blanc du linceul que tisse la main du destin pour en couvrir ma dépouille, une fois que le laveur l'aurait dépouillée de ses habits.


Ô cheveu blanc !Jamais je n'ai vu blancheur telle que la tienne qui ressemble autant à la noirceur, ni une lueur aussi proche du sombre.

J'ai haï, en toi, toute blancheur même la blancheur de la lune, et toute lueur même la lueur des yeux.
J'ai aimé, en toi, toute noirceur même la noirceur des corbeaux , et tout sombre même celui du for intérieur.


Ô cheveu blanc ! Ô mon éloquence ! De quelle brèche t'es-tu infiltré jusqu'à ma tête et par quel chemin du dédale du destin t'es-tu acheminé jusqu'à ma tempe ?

Comment as-tu pu te complaire en ces lieux aussi inhospitaliers, où il n'y a personne pour te tenir compagnie, ni veiller avec toi ? Et comment la panique n'a pu envahir ton coeur dans cette nuit noire, et ta vision n'a pu être brouillée ? 



Ô cheveu blanc !J'ai langui de ton cas et fléchi de ton poids et suis incapable de trouver l'issue pour te fuir ou m'éloigner de toi. Il ne me servirait à rien de te déraciner car aussitôt tu renaîtrais, ni à te teindre en noir car tu déteindrais aussi vite, et surtout je ne voudrais en aucun cas associer deux calamités : celle de la vieillesse et celle du mensonge.


Ô cheveu blanc ! Il me semble en te contemplant que tu fais corps avec la ruse, le machiavelisme et la malice et que tu chuchotes dans l'oreille de tes voisins noirs qui t'entourent. Tu essaies de les séduire pour qu'ils se mettent à te ressembler et à se draper comme toi en blanc.


J'ai le sentiment que tu as déclenché, dans cet environnement serein et calme, une animosité aveugle, une guerre dévastatrice où se mélangent l'archer et le lancier, le fantassin et le cuirassier, où s'occit le coupable et l'innocent, le debout et l'assis. Si c'est cela ton dessein, alors ton destin sera celui de ce missionnaire blanc qui découvre une peuplade noire et en devient colonisateur. Il entre dans ces contrées en pacifiste et en sort en guerrier.


J'implore donc Dieu d'épargner ma tête de tes méfaits ainsi que cette peuplade de ceux de ton compère. Car chacun de vous deux est porteur d'un lot de mauvais augures dans ses campements et séjours, déplacements et retours.


Ô cheveu blanc ! Dis-moi qui es-tu, quel est ton objectif, le but de ta visite, que vises-tu en moi et en quel honneur es-tu là ?

Si tu es un invité, alors où en est la gentillesse, la diplomatie et les convenances ? Si tu es un messager, alors sache que j'en connais assez sur la mort et ses sévices et que je n'ai nul besoin de tes services.

 

Il reste certainement que tu es , de toutes les créatures, la plus immature et la plus laide. Je ne vois pas pire que toi, sur l'échelle d'intensité de la laideur et de la curiosité, que la vipère qui investit tout logis des insectes et des rongeurs en en faisant d'office sa demeure.


Serais-tu d'assez d'importance, toi qu'on cite en exemple tant tu es mince et maître du camouflage, à la poursuite duquel on lance ciseaux et pinces pour dénicher ton repère et ta cache ; serais-tu donc d'assez de poids pour remplir d'effroi un coeur que n'émeut ni épée dégainée, ni flèche pointée ?


Ô cheveu blanc ! Ne t'offusque pas outre mesure de ma réprimande assez dure qui ébranle ta patience. Je me suis ravisé et j'ai compris que tu es la chose la plus dotée de clémence et celle, à mes yeux, qui a le plus d'importance.


Félicitations mon cher ! Que ma tête soit pour toi la meilleure des villégiatures et des stations et mes tempes ta cible et ton théâtre de représentations. Tu es le porte parole du dépérissement et de la mort que je n'ai cessé d'invoquer depuis que j'en ai eu connaissance, sans jamais en trouver le chemin ni en connaître le représentant. 



Quelle haine peut manifester le coeur d'un homme qui n'a pu profiter de sa jeunesse pour pouvoir la regretter, qui n'a pas goûté à la douce saveur de la vie pour pouvoir s'éffaroucher de l'amertume de la mort, qui n'a pas humé les arômes du bonheur lorsqu'il était jeune rameau vert, pour pouvoir s'en plaindre en tant que rameau sec ?


Que peut honnir dans tes desseins un homme qui sait que tu es l'inspirateur de l'espoir qui lui annonce l'imminence d'être sauvé d'une existence sans la moindre once de félicité , sauf de rares moments de répits aussitôt troublés par ce qui les entoure de maux et désespoirs, comme font les buées amères de la peine qui brouillent la surface d'un miroir.


N'est-il pas que tout ce que j'énumère de tes péchés ne vient que du fait que tu es l'annonciateur de la mort ? Et c'est celle-ci qui m'épargnera de supporter le spectacle de ce monde plein d'injustices et d'incuries, empli de fléaux et de douleurs. Ce monde où je ne ferme les yeux que pour les ouvrir sur la perfidie de l'ami à l'égard de son ami, la trahison du frère vis à vis du frère, le compagnon aiguisant ses crocs pour avaler son compagnon ; pour les ouvrir sur le riche ,radin envers le pauvre ,même pour les miettes de ses banquets ; sur le pauvre qui supplie le destin de lui accorder juste une mort décente et ne réalise point son voeu ; sur le gouvernant qui ne différencie guère entre ses sujets et son bétail ; sur les sujets eux-mêmes qui confondent adoration et déification de leurs maîtres ; sur des coeurs qui s'embrasent de haine sans motif crédible ; sur des âmes qui s'évertuent à flétrir pour un statut social terne, une protection éphémère ou un objectif illicite ; sur des esprits qui se consument d'amour pour des flammes qui les brûlent et des crocs qui les déchirent ; sur des yeux égarés dans des têtes désorientées qui regardent sans le voir tout ce qui bouge devant eux.


Si tout cela est l'apparence de ton péché à mon endroit, alors que tes péchés prolifèrent ! car je suis de ceux qui te pardonnent .

Ô cheveu blanc ! Bienvenue à toi aujourd'hui et bienvenue à tes congénères demain ! Bienvenue à ce sort caché derrière toi ou enfoui en ton sein. Bienvenue à cette demeure où je m'isole avec mon créateur, où je me tiens moi-même compagnie ; d'où je n'entends même pas le fracas des canons et je ne vois même pas les tempêtes de poussières soulevées par les évènements.



 
Le cheveu blanc -


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