Depuis son Daghestan natal, Aina Gamzatova, 46 ans, une célèbre
journaliste musulmane, cristallise bien des espoirs depuis qu’elle a
annoncé son intention de se lancer dans la course à l’élection suprême
en mars 2018, prête à se mesurer à l’impressionnant et indétrônable
maître du Kremlin : Vladimir Poutine.
Eminente personnalité de cette République russe fédérée, terre d’islam
puisque ses préceptes y sont majoritaires, sa décision de se jeter dans
le grand bain bouillonnant de la politique, en sa qualité de première
candidate musulmane à partir à la conquête des urnes lors de la
prochaine présidentielle en Russie, conforte son statut de pionnière aux
yeux admiratifs de ses coreligionnaires.
Ayant plusieurs cordes à son arc et l’humanitaire chevillé au coeur,
l’épouse du Mufti du Daghestan, Akhmad Abdulaev, préside aux destinées
de Islam.ru – le plus grand holding médiatique musulman du pays, composé
d’une chaîne de télévision, d’une radio et d’un groupe de presse – tout
en s’affirmant comme une auteure prolifique sur l’islam et la
directrice bienveillante de plusieurs associations caritatives.
Si l’annonce de sa candidature a fait sensation, à quelques encablures
d’un scrutin national sans grand suspense qui semble d’ores et déjà
acquis au président russe sortant, elle a surtout le mérite de combler
d’aise ses concitoyens du Daghestan qui, loin de croire en son
improbable victoire, sont toutefois convaincus qu’elle contribuera à
améliorer la visibilité de leur communauté. Il est à noter que l’islam
est la deuxième religion en Russie, après le christianisme orthodoxe.
Parmi les axes forts de son programme, l’outsider Aina Gamzatova est
résolue à éradiquer le terrorisme aveugle, sans foi ni loi et quel que
soit l’étendard dans lequel il se drape pour revendiquer ses crimes,
restant à jamais marquée par l’attaque sanglante qui coûta la vie à son
premier mari, le dirigeant musulman Said Muhammad Abubakarov.
« Même si elle perd, les gens réaliseront, grâce à elle, qu’une femme revêtue d’un hijab
n’est pas seulement une mère ou une femme soumise, mais qu’elle est
aussi une personne éduquée, compétente, sage et très respectée », a
écrit sur Instagram Gaidarbek Gaidarbekov, l’ancien champion olympique
de boxe et ministre adjoint des sports du Daghestan, l’un de ses plus
fervents soutiens dans son combat politique titanesque.
Chantre de l’unité nationale et de la tolérance religieuse, Aina
Gamzatova est parfaitement consciente qu’elle ne pourra pas rivaliser
avec le tout-puissant Vladimir Poutine, assis sur un trône dont il sera
difficile de le faire choir, alors que se profile à l’horizon la
perspective extraordinairement stimulante d’un 4ème mandat long de six ans.
Bien mieux qu’un OVNI de la présidentielle russe de 2018, la première
candidate voilée, qui s’autorise à rêver d’un grand destin, espère
conquérir les cœurs de ses concitoyens de confession musulmane et faire
un carton plein dans son fief, le Daghestan, afin de devenir une femme
politique avec laquelle il faudra désormais compter en Russie.
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