On demanda à Hamdûn Al-Qasâr
: « Pourquoi les propos des pieux prédécesseurs sont-ils plus
profitables que les nôtres ? » Il répondit : « Car ils ont parlé pour la
gloire de l’islam et l’agrément du
Miséricordieux, alors que nous parlons pour la gloire des âmes, la
recherche de ce bas-monde, et l’agrément des créatures. »
Abû Al-‘Âliyah a dit : « Les Compagnons de Muhammad
(salallahu ‘alayhi wasalam) m’ont dit : n’œuvre pas pour autre
qu’Allah, sinon Il te confiera à celui pour qui tu as œuvré. »
Badîl Al-‘Uqaylî a dit :
« Celui qui vise Allah à travers son acte, Allah tournera Son Visage et
le cœur des serviteurs vers lui ; alors que celui qui œuvre pour autre
qu’Allah, Il détournera de lui Son Visage et le cœur des serviteurs. »
Muhammad Ibn Al-Qâsim a dit : « J’ai côtoyé Muhammad
Ibn Aslam plus de vingt ans, et je ne l’ai jamais vu accomplir deux
unités de prière surérogatoires, autres que celles du vendredi. Je l’ai
entendu une fois jurer : « Si je pouvais accomplir une prière
surérogatoire en un lieu où même mes deux anges ne me verraient pas, je
le ferais, de peur de tomber dans l’ostentation. » Il entrait dans un de
ses appartements et fermait la porte, si bien que je ne savais pas ce
qu’il y faisait, jusqu’à ce que j’entende un de ses jeunes enfants
parler de ses pleurs. Lorsqu’il voulait sortir, il lavait son visage,
s’appliquait du khôl, et ainsi on ne voyait pas les traces des pleurs.
Il envoyait également des vêtements à des gens, et disait au porteur :
Fais en sorte que personne ne sache qui les a envoyés. »
Al-Hasan a dit :
« J’ai connu des gens qui ne pouvaient accomplir une œuvre et
l’afficher, car ils savaient que l’œuvre la plus préservée de Satan est
celle accomplie en secret. L’un d’eux pouvait avoir des invités, et
accomplir la prière derrière eux, sans que ceux-ci ne s’en aperçoivent »
On rapporte que lorsque quelqu’un entrait chez Ar-Rabî’ Ibn Khuthaym et que le Coran était dans ses mains, il le cachait.
‘Abd As-Samad Ibn Macqal rapporte : « On demanda à Wahb Ibn Munabbih : « Ô Abû cAbd
Allah ! Deux hommes accomplissent la prière, l’un prolonge plus la
station debout et le silence, et l’autre prolonge plus la prosternation,
lequel est le meilleur ? » Il répondit : Celui qui est le plus sincère
envers Allah. »
‘Abd Allah Ibn Abî Al-Hudhayl a dit :
« Arriva l’heure de la prière et on demanda à un shaykh de s’avancer
pour la diriger. Il refusa et on lui demanda : « Qu’est-ce qui t’a
empêché de t’avancer ? » Il répondit : J’ai craint que quelqu’un passe
et ne dise : ils lui ont demandé de diriger la prière car il est le
meilleur d’entre eux. »
‘Imrân Ibn Khâlid rapporte : « J’ai entendu Muhammad Ibn Wâsi’ dire : l’homme [i.e lui-même] pleure depuis vingt ans, alors que sa femme est à ses côtés et ne le sait pas. »
Al-Kharîbî a dit :
« Les pieux prédécesseurs recommandaient que l’homme ait une œuvre
pieuse cachée, dont ni son épouse ni personne d’autre n’a connaissance. »
Ahmad Ibn Hanbal a dit : « Allah n’a élevé Ibn Al-Mubârak qu’en raison de la crainte d’Allah qu’il éprouvait. »
Ayyûb As-Sikhtiyânî priait la nuit et le cachait, et au matin il élevait la voix comme s’il venait de se lever.
‘Umar Ibn Thâbit rapporte : « Lorsque ‘Alî Ibn Al-Husayn
décéda, on le lava et on vit sur son dos une trace noire. Des gens
demandèrent : « Qu’est-ce cela ? » Et on leur répondit : Il portait des
sacs de farine, de nuit, sur son dos, et les distribuait aux pauvres de
Médine. »
Ja’far Ibn Zayd Al-‘Abdî rapporte :
« Un homme passa devant un groupe de personnes qui firent ses éloges en
les lui faisant entendre. Lorsqu’il les dépassa, il s’arrêta, tourna
son visage vers le ciel et dit : Ô Allah, si eux ne me connaissent pas,
Toi tu me connais. »
Ayyûb As-Sikhtiyânî était
sensible et pleurait, mais il aimait cacher cela à ses compagnons, si
bien qu’il tenait son nez comme s’il était enrhumé, et lorsqu’il
craignait de fondre en larmes, il se levait.
Un
homme accomplissait chaque année le pèlerinage à pied, et un soir,
alors qu’il dormait sur son lit, sa mère lui demanda à boire. Il lui fut
pénible de se lever pour apporter de l’eau à sa mère, et à ce moment il
se souvint de ses pèlerinages accomplis à pied qui ne lui causaient
aucune peine. Il fit son examen de conscience, et constata que cela ne
lui était pas pénible en raison du fait que les gens le voyaient et le
louangeaient. Il sut alors qu’il était dupé.
Bishr Ibn Al-Harith a dit :
« Suffit comme flatterie de l’âme que tu la blâmes devant les gens,
comme si tu cherchais à l’embellir en la blâmant, et c’est là une
manière de l’enlaidir auprès d’Allah. »
Ar-Rabî’ Ibn Sabîh rapporte : « Un jour, Al-Hasan adressa une exhortation et un homme pleura et gémit. Al-Hasan lui dit alors : Par Allah ! Allah t’interrogera sur ce que tu as visé par cela. »
Muhammad Ibn Yûsuf Al-Firyâbî rapporte : « J’ai entendu At-Thawrî dire : « Il n’y a pas d’œuvre meilleure que l’étude du hadith, si l’intention est saine en cela. » Ahmad
dit : « J’ai demandé à Al-Firyâbî ce qu’était l’intention, et il
répondit : Que tu vises par cela la Face d’Allah, et la Demeure de
l’au-delà. »
Al-Fudayl Ibn ‘Iyâd a dit :
« Si on te dit : « Faux-dévot ! » tu te mets en colère et cela t’est
pénible, alors qu’il est possible que cela soit vrai. Tu t’es paré pour
ce bas-monde, tu feins, tu raccourcis ton vêtement, et tu embellis ton
apparence afin que les gens disent que tu es un adorateur, qu’ils
t’honorent, te regardent, viennent à toi et te fassent des cadeaux. »
Abû Hâzim a dit : « Dissimule tes bonnes actions plus encore que tu ne dissimules tes péchés. »
Ibrâhîm Ibn Ad-ham a dit : « N’est pas sincère envers Allah celui qui aime la célébrité. »
Bishr Ibn Al-Hârith a dit :
« Je ne connais pas un homme qui ait aimé être connu sans que sa
religion ne disparaisse et qu’il ne soit démasqué ; et ne connait pas la
douceur de l’au-delà celui qui aime que les gens le connaissent. »
Muhammad Ibn Al-Hasan rapporte: « Lorsque Abû ‘Abd Allah [l’imam Ahmad] marchait dans la rue, il réprouvait que quelqu’un le suive. »
Bishr Ibn Al-Hârith a dit : « Le trésor du croyant consiste à ce que les gens ne prêtent pas attention à lui, et qu’ils ignorent où il réside. »
Ahmad Ibn Hanbal a dit : « J’aimerais vivre dans les montagnes de la Mecque afin de ne pas être connu, car j’ai été éprouvé par la célébrité. »
Muhammad Ibn Yûsuf Al-Asbahânî n’achetait pas son pain d’un seul boulanger, et il disait : « Il se peut qu’ils me connaissent et me fassent des cadeaux, et qu’ainsi je sois de ceux qui vivent de leur religion. »
‘Abd Allah Ibn Al-Muhayrîz entra dans une échoppe pour acheter un vêtement, et un homme dit au propriétaire de l’échoppe : « Il s’agit de Ibn Al-Muhayrîz, alors sois conciliant dans la vente. » Ibn Al-Muhayrîz se mit en colère et dit : « Nous achetons avec notre argent et pas avec notre religion. »
Al-Fadl Ibn Muhalhal rapporte : « Sufyân (At-Thawrî) me dit :
« Où réside le salut ? » Je répondis : « Dans le fait de ne pas être
connu ? » Il me dit : « Cela n’est pas possible, mais le salut réside
dans le fait que tu aimerais ne pas être connu. »
Sufyân Ibn ‘Uyaynah a dit : « Celui qui se pare devant les gens d’une chose dont Allah sait qu’il est à l’opposé, Allah l’enlaidit. »
Sufyân Ibn ‘Uyaynah rapporte :
« Un homme dit : « L’amour des honneurs m’a perdu. » et un autre lui
répondit : « Si tu avais craint Allah, tu aurais atteint les honneurs. »
Al-Awzâ’î a dit : « L’ascétisme en ce bas-monde consiste à délaisser les éloges et œuvrer sans chercher à être loué par les gens pour cela. »
Ar-Rabî’ rapporte : « J’ai entendu As-Shâfi’î dire : J’aurais aimé que les gens connaissent cette science [i.e : ses livres] sans que rien ne m’en soit attribué. »
Abû Ishâq Al-Fazârî a dit :
« Il est des gens qui aiment qu’on fasse leurs éloges, alors qu’ils ne
pèsent pas plus qu’une aile de moustique auprès d’Allah. »
Ibn Al-Muhayrîz rapporte : « J’ai entendu Fadâlah Ibn ‘Ubayd
dire –alors que je lui avais demandé une recommandation : voici des
caractéristiques dont Allah te fera profiter : si tu peux connaître sans
être connu, fais-le ; si tu peux écouter sans parler, fais-le ; et si
tu peux t’asseoir avec d’autres sans qu’on s’assoit avec toi, fais-le. »
Mutarrif Ibn ‘Abd Allah a
dit : « Dormir toute la nuit et me lever plein de regrets m’est
préférable au fait de prier la nuit et me lever infatué de ma personne.»
Nâfi’ Ibn Jubayr a dit : « Celui qui participe à un convoi funéraire, afin d’être vu par la famille du défunt, n’y participe pas en réalité. »
‘Ubayd Allah Ibn Abî Ja’far a dit :
« Si quelqu’un prend la parole dans une assise et qu’il lui plaît de
parler, qu’il cesse ; et s’il reste silencieux et que cela lui plaît,
qu’il parle. »
Hammâd Ibn Zayd rapporte :
« Ayyûb [As-Sikhtiyânî] était dans une assise lorsque les larmes
envahirent ses yeux, il se mit alors à se moucher et dire : Quel rhume !
»
Un conteur vint trouver Muhammad Ibn Wâsic et lui dit :
« Pourquoi les cœurs ne craignent-ils pas, les yeux ne pleurent-ils
pas, et les peaux ne tremblent-elles pas ? » Il lui répondit : « Ô untel
! Je constate que les gens ne sont venus que pour toi. Lorsque le
rappel émane du cœur, il touche le cœur. »
Sufyân At-Thawrî a dit : « J’ai débuté l’apprentissage de la science sans véritable intention, puis Allah m’a accordé cette intention [sincère]. »
Muhammad Ibn ‘Abdaway rapporte : « J’ai entendu Al-Fudayl
dire : Délaisser un acte pour les gens est une forme d’ostentation,
œuvrer en raison des gens est une forme de polythéisme, et la sincérité
consiste à ce qu’Allah te préserve de ces deux choses. »
As-Shâtibî a dit : « Personne ne lira ce poème que voici, sans qu’Allah ne lui en fasse profiter, car je l’ai composé pour Allah. »
‘Abd Allah Ibn Al-Mubârak a dit : « Une œuvre minime peut être multipliée par l’intention, et une œuvre importante peut être diminuée par l’intention. »
Source : Ainsi étaient nos pieux prédécesseurs
Traduit et publié par les salafis de l’Est
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire